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journal d'une faillite

1 avril 2013

L'épouvantail

Le carcan idéologique est l'ennemi de la simplication administrative, cette vieille tarte à la crème que l'on ressert au peuple chaque fois qu'on n'a pas mieux à lui proposer.

En annonçant un choc de la simplification, on a choisi de rester au niveau du slogan. Car l'on sait parfaitement bien que l'ankylose de la technostructure est inhérente au système bloqué que des générations d'énarques ont mis en place. Sortir de cette impasse ancienne exigerait un grand coup de pied dans le ronronnement délicieux de nos fonctionnaires. Or personne, à ce stade, n'est en mesure de renverser les encriers des têtes pensantes de la haute administration.

On va donc continuer à marier, du mieux que l'on peut, les revendications inquisitives des ronds-de-cuir avec les timides doléances des administrés. Cependant les formulaires du Cerfa continueront à se multiplier de plus belle. Combien sont-ils aujourd'hui, ces documents en liasse qui traumatisent les responsables de nos entreprises, tant par leur contenu répétitif, que par le gaspillage de temps qu'ils systématisent ? Il ne faut pas moins de cinq ou six de ces sinistres papillons pour régulariser la survenance d'un accident du travail bénin; une quantité imprévisible dès lors que ledit accident prend une tournure un peu plus sérieuse.

Pour l'administration française, simplifier les procédures signifie accumuler la paperasse déclarative, diversifier les possibilités de recoupement en multipliant les collectes d'informations et mobiliser quelques nouveaux agents pour vérifier le fonctionnement du système. On allonge les délais de traitement, on ergote sur le contenu des déclarations, on renvoie à l'expéditeur tout formulaire imparfaitement servi, bref on dépense un argent fou à contrôler si les maigres indemnités versées aux ayants-droit sont bel et bien justifiées, deux fois plutôt qu'une. Dans le doute, on crée une commission de réflexion dont les membres seront grassement rétribués et qui concluera plus que probablement à la nécessaire embauche de quelques fonctionnaires ssupplémentaires pour parer à toute éventualité et pour calmer la boulimie syndicale.

En réalité, on ne peut se défaire de l'idée que le citoyen est d'abord un tricheur. Et c'est très précisément ce préjugé-là qui nourrit le clivage entre gouvernants et gourvernés et qui, confronté au théâtre des affaires dont la classe dirigeante nous régale au quotidien, préside au déclin exponentiel de la confiance populaire.

La république exemplaire, ce n'est pas pour tout de suite! En l'attendant, on peut toujours aller à la pêche des vieux serpents de mer...

 

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